De plus en plus d’associations de consommateurs montrent aujourd’hui que le fonctionnement du mode industriel de production provoque un phénomène de masse de consommation où les liens humains, le rapport à la Nature et le rapport au sens sont perdus.
Comment pouvons-nous contribuer à ce débat ? Aujourd’hui, la pente industrielle nous pousse de plus en plus à penser le halal dans sa dimension religieuse et éthique originelle : le halal est ce qui est licite parce qu’il est bon pour l’Homme, sa relation avec la Nature, avec la Création et avec Dieu.
Afin de comprendre les enjeux des grandes surfaces, nous vous renvoyons à l’article précédemment publié (« Boucheries ou grandes distributions ? ») écrit par Fethallah Otmani, spécialiste de la question du marché du halal et membre actif de l’UFCM (Union Française des Consommateurs Musulmans), que nous avons également interrogé :
« Le marché du halal est en nette évolution, et ce marché est progressivement en train de tomber entre les mains de groupes industriels et de grandes surfaces, en amont et en aval du marché. Plus il s’oriente dans cette direction, moins on a le pouvoir de préserver l’âme et le sens du halal, au-delà de la question du rite. Les conditions d’élevage, le traitement des animaux, même les conditions de travail des ouvriers et les conditions salariales sont autant de problématiques qui montrent qu’il est de plus en plus difficile d’arriver à un mode de fonctionnement qui soit en cohérence avec le message global de l’islam. Le système économique industriel arrive à ses limites : il est corrupteur de sens, corrupteur de valeur, corrupteur de la relation à la Création, et de notre point de vue musulman, corrupteur de notre relation à Dieu. »
Quand on constate effectivement que le marché du halal est en train de s’éloigner du secteur boucherie, il y a plus de risques de tomber dans un modèle économique de profit au détriment d’un mode sain qui prend en considération les relations humaines. Nous nous sommes dit qu’il était important que les commerces de proximité, et notamment les boucheries musulmanes, ne soient pas trop pénalisés par ce qui est en train de se passer. Nous avons donc opté pour une vision qui permet de faire en sorte que les commerces de proximité puissent garder une place prépondérante dans le marché du halal parce qu’ils sont les plus à même de préserver le sens du halal et d’être les relais d’une vision éthique du halal.
La menace industrielle a donc un impact non seulement sur le marché, mais également sur le sens profond du halal, qui risque de s’oublier dans des considérations techniques, commerciales et stratégiques qui sont loin de la définition éthique que nous nous donnons du commerce.
