Il serait incorrect de penser que les préoccupations de l’homme à l’égard des animaux sont très récentes. Les premiers textes (en France) encadrant le traitement des animaux de compagnie ou domestiques remontent à 200 ans. Mais la considération des animaux d’élevage reste très marginale. Il faut attendre le lendemain de la seconde guerre mondiale pour voir une dynamique scientifique pluridisciplinaire se mettre en branle.
« On est passé de la nécessité d’assurer des moyens de subsistance pour tous aux possibilités offertes par divers secteurs de la biologie pour répondre aux objectifs tant quantitatifs que qualitatifs de la production via différents moyens techniques.» [1]
Bien que l’O.A.B.A (Oeuvre d'Assistance aux Bêtes d'Abattoirs) [2] ait été fondée dans les années 60, cela ne traduit pas pour autant que l’esprit collectif français se préoccupe d’une manière conséquente de la situation des animaux en milieu industriel. En effet, si l’abattage des animaux était laissé à l’initiative de tout un chacun, le développement des abattoirs avait, lui, pour objectif la préservation de la santé publique. Il s’agissait avant tout de préserver le bien être humain comme l’illustre bien cette décision datant du XIXe siècle :
« Le maire de la ville de Clermont-Ferrand, H. Conchon, conclut sur ces mots la séance extraordinaire du conseil municipal consacrée à la création du premier abattoir pour la ville en 1837 : « Messieurs, le travail dont vous nous avez chargé était absolument neuf pour chacun de nous et nous réclamons votre indulgence pour les erreurs […] et en même temps le concours de vos lumières, pour parvenir enfin à la construction d’un édifice depuis longtemps désiré et si impatiemment attendu […]. Messieurs, en prenant une résolution positive d’exécution, vous aurez répondu à la confiance de vos concitoyens. Faire disparaître de nos rues le spectacle dégoûtant du sang répandu par l’égorgement des animaux, s’affranchir des exhalaisons méphitiques, et assurer à notre cité, dans un temps plus ou moins rapproché, une augmentation de revenu, ne sera pas une œuvre sans mérite. »
Le « spectacle dégoûtant », les « exhalaisons méphitiques » et le profit sont les motifs invoqués pour la construction des abattoirs. A aucun moment n’est émis un discours direct en faveur de l’animal, celui-ci n’existe qu’à travers le sang porteur de miasmes. L’animal est perçu et évoqué négativement comme une source de nuisances. [3]
C’est l’émergence de l’Europe en tant qu’entité institutionnelle qui va stimuler le débat en France. Des associations européennes feront de la question du traitement des animaux un sujet d’actualité dans l’agenda institutionnel européen, sujet que nous aborderons dans un article ultérieur.
